60 ans de l'Agence de l'Eau Artois-Picardie : un anniversaire célébrant six décennies d'engagement pour l'eau
1964-2024, 60 ans d’actions célébrés le 21 janvier au cours d’une cérémonie riche en témoignages sur les grandes politiques menées pour la préservation de cette ressource essentielle.
Cet événement a permis de retracer les grandes étapes de l’histoire de l’agence et de mettre en lumière les enjeux à venir, devant un parterre de 400 invités
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La cérémonie a débuté par un mot d’introduction de Frédéric Chéreau, maire de Douai, qui a salué le rôle historique de l’agence au sein de la commune. L’élu a rendu hommage à Jacques Vernier, ancien directeur de l’agence de l’eau et Michel Durousseau, ancien agent et fondateur de l’association Adopta, pour le travail mené sur la gestion durable et intégrée des eaux pluviales sur le territoire.
Stéphane Leleu, adjoint au SGAR, représentant le préfet de bassin Bertrand Gaume, a souligné l’enjeu majeur de préservation de l’eau dans un contexte de changement climatique.
Puis André Flajolet, président du comité de Bassin a rappelé les grands enjeux liés au SDAGE et la gouvernance unique des agences de l’eau, modèle de gestion de l’eau et qui a inspiré près de 200 pays.
Deux plateaux thématiques ont ensuite rythmé la matinée, mêlant des témoignages d’experts et la diffusion d’interviews.
Premier plateau : assainissement, gestion du pluvial, politique littorale et les activités économiques et l’eau : les mondes “industriel et agricole”
Jacques Vernier, 3ème directeur général de l’agence, a partagé ses souvenirs marquants, notamment son combat pour le raccordement des habitations aux réseaux d’assainissement dans les années 1970 et les travaux menés par les industriels afin de lutter contre les pollutions et améliorer la qualité des cours d’eau.
Ancien directeur des interventions, Vincent Valin a retracé l’évolution des politiques de l’agence, du petit cycle au grand cycle de l’eau, avec notamment l’intégration de nouvelles politiques (la biodiversité, les pollutions diffuses, la gestion du pluvial) qui amènent à prendre en compte la gestion qualitative de l’eau en parallèle de l’aspect quantitatif.
Martial Grandmougin, ancien directeur général adjoint, a mis en lumière l’intervention de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie dans la gestion des inondations de la Somme au printemps 2001.
Bernard Lenglet, président d’honneur de l’EPTB Somme-AMEVA (Syndicat mixte d’aménagement et de valorisation de la Somme) a présenté les objectifs de la création du syndicat mixte, né après les inondations de 2001 dans le département de la Somme : une assistance technique, juridique et administrative auprès des collectivités, dans les domaines de la prévention des inondations, la restauration et l'entretien des cours d'eau et des zones humides, ainsi que la gestion des services d'eau potable et d'assainissement.
En effet, ralentir l’eau au travers des aménagements permet de limiter les inondations et d’éviter la dégradation de la qualité de l’eau. Jean-Jacques Hérin, président de l’association ADOPTA a rappelé les étapes de la construction de la politique de gestion des eaux pluviales sur le bassin, avec l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, présentant la ville de Douai comme précurseure en la matière (après Bordeaux)
L’évolution de la politique de qualité des eaux de baignade a été présentée par Ludovic Lemaire, chef de la mission littoral de Boulogne-sur-Mer. Cette politique, initiée à la suite d’un colloque thématique en 1988, avait pour objectif premier de résorber les pollutions marines. Plus de 30 années d’actions ont permis au bassin Artois-Picardie de retrouver des sites de baignade de qualité.
Le premier plateau s’est poursuivi par le sujet des activités économiques et de l’eau. Jérôme Lefebvre, second Vice-Président du Conseil d’administration de l’agence de l’eau a fait un retour historique sur l’accompagnement de l’agence dans l’évolution des pratiques du monde industriel.
Laurent Degenne, président de la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France a quant à lui exposé sa vision de l’agriculture et l’évolution de ses pratiques au cours des dernières décennies. Les efforts de réduction des phytosanitaires et la transition agricole ont été évoqués, avec un accent particulier sur la préservation des captages d’eau potable et la gestion des ressources dans un contexte de changement climatique.
Le premier plateau s’est achevé par l’interview d’Olivier Thibault, actuel directeur de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et ancien directeur général de l’agence au sujet de la mise en place du programme de maintien de l’agriculture en zones humides (PMAZH) et de la convergence des actions des agences avec celles de l‘OFB.
Second plateau : connaissance, protection de la ressource en eau, des milieux naturels et de la biodiversité, éducation à l’eau et action internationale
Dorothée Bolzan, cheffe du service Connaissance et expertise, a rappelé que l’agence était productrice de connaissances sur les milieux aquatiques, permettant d’identifier les mesures nécessaires à mettre en œuvre dans le cadre de la directrice-cadre européenne. L’ensemble des données produites en maitrise d’ouvrage agence sont par ailleurs publiques et accessible à tous sur le site internet de l’agence : Données sur l'eau | Agence de l'Eau Artois-Picardie
La cérémonie s’est poursuivie par des témoignages sur protection de la biodiversité, intégrée aux politiques de l’agence de l’eau depuis la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016. Cette loi prévoit en effet la protection et la préservation de la biodiversité terrestre et marine ainsi que la connaissance de l’état de santé des milieux et les liens entre les activités humaines et la biodiversité.
Michel Marchyllie, directeur des Espaces naturels régionaux a présenté son retour d’expérience sur le dispositif de paiement pour services environnementaux (PSE) mis en place par l’agence, en partenariat avec trois parc naturels régionaux : les PNR de l’Avesnois, de Scarpe-Escaut, et des Caps et marais d’Opale.
Présidente d’Eden 62 et membre du comité de bassin Artois-Picardie, Emmanuelle Leveugle a mis en avant les trois actions principales du syndicat mixte : protéger le patrimoine naturel afin de favoriser le développement de la biodiversité, aménager les espaces pour permettre un accueil du public et enfin sensibiliser le grand public au travers d’animations et de projets menés avec les établissements scolaires du Pas-de-Calais
Un autre volet de la protection de la ressource en eau, a été abordé par Jean-Luc Hallé vice-président de Douaisis Agglo en charge de la transition alimentaire et agricole, au travers des Contrats d’action pour la ressource en eau (CARE) sur les zones de captage. L’élu a notamment souligné la transversalité des politiques publiques en matière de protection de la ressource en eau et d’aménagement du territoire.
Le public a ensuite pu (re)découvrir le projet de l’autoroute de l’eau, porté par Paul Raoult, président du Siden-Sian Noreade et qui au travers d’un gigantesque chantier de 200 km de réseaux mené durant une trentaine d’année permet d’assurer une solidarité entre des territoires non pourvus de champs captant et des territoires dotés d’eau en qualité et quantité suffisantes.
L’événement s’est poursuivi par le témoignage de Daniel Duhem, ancien chargé des relations publiques de l’agence et animateur des premières « classes d’eau », à destination des élèves des écoles primaires au début des années 1980.
Ancienne présidente du conseil d’administration de l’agence, Annick Delelis a été à l’initiative du Parlement des Jeunes pour l’Eau (PJE) en 2003. Après plus de vingt ans d’existence, l’instance de représentation des jeunes continue de réunir des volontaires qui réfléchissent aux nouveaux enjeux de l’eau !
Alexandre Ledoyen, premier représentant du Parlement des Jeunes pour l’Eau au comité de bassin a partagé sa vision de l’intégration de la jeunesse à la gouvernance de l’agence.
Le second plateau s’est achevé par les actions menées à l’international, la loi Oudin-Santini de 2005 permettant à l’agence de consacrer 1% de son budget à des actions de solidarité internationale. Thierry Vatin, ancien directeur de l’agence de l’eau a ainsi témoigné de son déplacement au Cap-Vert et de l’intérêt de financer via des associations des puits ou des stations d’eau potable.
Danielle Mametz, vice-présidente du Siden-Sian Noreade et membre du comité de bassin a pour sa part retracé son déplacement en Moldavie à l’été 2024 pour la mise en place d’une politique de l’eau durable dans ce territoire, au travers d’une coopération institutionnelle. Cette visite visait deux objectifs majeurs : une transposition des principes du modèle français de gestion de l’eau en République de Moldavie et une réponse durable aux besoins de la population en termes d’accès à l’eau potable et d’assainissement, en partenariat avec les autorités locales.
Michel Lalande préfet de la Région Hauts-de-France de 2016 à 2021 et ancien président du Conseil d’administration de l’agence de l’eau a démontré en quoi l’agence était une force de frappe des politiques de l’Etat.
Enfin, Isabelle Matykowski, directrice générale de l’agence de l’eau a présenté les enjeux de l’eau pour demain dans les politiques d’aménagement du territoire et a souligné l’importance du travail avec l’ensembles des acteurs du bassin, y compris le grand public.
L’événement a également été marqué par le vernissage de l’exposition « L’eau : source de vies», proposée par les agences de l’eau à l’occasion de leurs 60 ans. Elle invite à découvrir la diversité saisissante de ces paysages et à explorer les récits qui se cachent derrière chaque onde et chaque rivage. Celle-ci sera visible tout au long de l’année 2025 dans différentes villes du bassin Artois-Picardie.